12 novembre 2012

Education : c'est à l'école de s'adapter à la société




Si l’école a contribué très fortement, ces dernières décennies tout particulièrement, par une politique massive d’instruction publique, à former les citoyens autonomes et responsables que furent nos parents et que nous sommes, ce n’est plus vrai aujourd’hui, semble-t-il. En effet, et sans doute cela a-t-il échappé au ministre, une part importante des savoirs et des connaissances se construisent de nos jours hors de l’école. La société, dans tous ses pans, économiques, culturels, a pris, elle, résolument le virage du numérique. Nos enfants, les élèves de nos écoles, ont pour leur part des pratiques numériques massives. Où en est l’école, dans cette rapide évolution ?

M. le ministre, c’est bien maintenant à la société de changer l’école d’hier en une école numérique, innovante et moderne, pour former les jeunes citoyens numériques de demain.

Un peu plus tard, à l’occasion d’une transition, il nous a été donné d’entendre en vidéo, un remarquable travail de Thierry Foulkes, le point de vue de quelques grands témoins, parmi lesquels le toujours vif et lucide André de Peretti. Mais il est un autre témoin, Edwy Plenel, dont j’ai retenu une sentence :

« Il faut que l’école soit curieuse du monde ».

Ah ! La curiosité ! Un trait de caractère dont bien des maîtres ont regretté et regrettent encore qu’il soit si souvent absent chez certains élèves… Dans le propos de Plenel, cette phrase vient après un plaidoyer pour l’utilisation d’Internet et de ses multiples ressources à l’école. C’est bien donc une curiosité à l’égard d’une société et d’un monde très fortement marqués de l’empreinte du numérique dont Edwy Plenel voulait parler. Une manière pour l’école d’être changée par la société, d’éclairer aussi la réflexion pédagogique de la conscience du paradigme des nouveaux ressorts sociaux de l’information et de la connaissance…

Au-delà de la boutade, j’ai voulu néanmoins exprimer une réalité. Si nous, adultes, comprenons aisément ce que signifie « déconnexion » et, de manière corollaire, « connexion », au point que certains, comme Luc Cédelle, apprécient de pouvoir nettement séparer l’une de l’autre, ce n’est évidemment plus vrai pour les jeunes, comme d’ailleurs pour tous ceux d’entre nous qui sommes résolument engagés dans le numérique.

Quand sommes-nous déconnectés ? Quand nous regardons, dans un fauteuil, une télévision maintenant numérique et connectée ? Quand nous prenons un bain avec la radio numérique en fond sonore ? Quand nous nous promenons en forêt avec le téléphone dans la poche ? Quand nous sommes en montagne avec le GPS pour nous aider à trouver notre chemin ?

Quand les jeunes sont-ils déconnectés ? Jamais… Presque jamais. À peine les a-t-on privés de l’ordinateur familial qu’ils retrouvent, le soir, leur « smartphone » sous la couette. À peine rentrent-ils en classe qu’ils retrouvent, sous le pupitre, si le cours est ennuyeux, tous leurs amis connectés. Est-ce bien ? Est-ce mal ? Je n’ai pas la réponse, bien entendu, mais voilà qui doit être à coup sûr pris en compte par les familles, qui ont acheté le terminal numérique en question, et par l’école qui doit — devra —, d’une manière ou d’une autre, s’en accommoder.

Luc Cédelle a-t-il raison ? Il fait comme il l’entend, bien sûr, mais est-il vraiment déconnecté quand il prétend l’être ?

Ah ! Une dernière chose aussi : le débat sous-jacent entre des supposés républicains et des non moins supposés pédagos m’a ennuyé au plus haut point. J’ai beaucoup réfléchi avant de de ne pas utiliser un verbe plus fort.

Et si on avançait, maintenant ?



Source : Educavox.