22 septembre 2012

Education : Les rythmes scolaires à l'étude




Dans le cadre de la refondation de l’école, la question des rythmes scolaires est mise en avant. Le nouveau ministre Vincent Peillon en a même fait un de ses chantiers prioritaires. « Je ne crois pas qu’il soit bon pour nos élèves d’avoir beaucoup moins de jours de classe que les autres, et (...) des journées très chargées. (...) Je veux qu’il y ait une réforme profonde du temps scolaire.[1] » Le retour à la semaine de 4 jours et demi devrait être effectif à la rentrée 2013. Le ministre ne se dit pas non plus "hostile" à l’allongement de l’année scolaire sur les vacances d’été.
 
De fait, les « chiffres » sont imparables : 144, c’est le nombre de jours de classe par an d’un écolier français. Elle représente l’année la plus courte en Europe ! Par comparaison, les élèves ont 186 jours en moyenne dans les pays de l’OCDE, 190 jours au Royaume-Uni, 193 jours en Allemagne.

6h… c’est le nombre d’heures de classe par jour à l’école primaire. Ainsi, un élève français suit entre l’âge de 7 et 14 ans, 12 % d’heures de cours en plus par rapport à la moyenne des élèves européens, soit le nombre d’heures le plus élevé des pays de l’Union Européenne !.. De là, il est déduit que « l’organisation du temps scolaire en France lors de la scolarité obligatoire, et particulièrement au premier degré, « impose aux élèves une charge de travail quotidienne parmi les plus élevées sur une des années scolaires les plus courtes[2]. » D’où l’idée d’ajouter une demi-journée de classe supplémentaire. CQFD…
 
De multiples commissions nationales se sont penchées sur cette question. Avant la commission en cours dans le cadre « Refondons l’école », la « Conférence nationale sur les rythmes scolaires » présidé par Christian Forestier, administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers et Odile Quintin, ancien directeur général de l’éducation et de la culture à la Commission européenne a proposé un Rapport d’orientation, publié en juillet 2011. Une multitude d’études scientifiques les plus diverses ont été réalisées. Déjà en 1880, l’Académie de Médecine s’intéressait au rythme de l’enfant et de l’adolescent à l’école ! Vieille histoire donc… Au cours du siècle précédent, de nouveaux champs d’investigation sont même nés, comme la chronobiologie, la psycho-physiologie, l’éthologie de l’enfant ou la chrono-psychologie.

Une méta-analyse des rapports des Commissions et de ces travaux dits « scientifiques » met en avant plusieurs considérations. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’organisation de l’année, de la semaine ou de la journée scolaire n’ont jamais été pensées en termes de besoins de l’enfant ou de l’adolescent. Elle est plutôt le reflet de l’Histoire de la France, de ses pratiques et de ses mœurs. A la fin du XIXème siècle, c’étaient les travaux agricoles d’une société encore très rurale qui a défini en creux le temps scolaire. On ne recommençait l’école qu’en octobre, après les vendanges ou la cueillette des pommes. La fin des cours, généralement à 16h30, était la conséquence des longues marches pour rentrer à la maison avant la tombée de la nuit… L’année, le trimestre, la semaine étaient calquées sur le calendrier religieux. Et la coupure du jeudi, puis du mercredi, était demandée pour laisser place au catéchisme.
 
Avec le développement des loisirs, le calendrier des vacances est devenu progressivement un enjeu social et économique. Pourquoi décale-t-on les vacances en février et à Pâques, sinon pour répondre aux demandes des professionnels des sports d’hiver ? En permanence, de multiples intérêts constitués en lobbies, ont interféré pour organiser le temps scolaire. On pourrait maintenant citer les familles divorcées ou recomposées, les transporteurs scolaires, les communes ou… les concierges des établissements.. qui chacun avec des demandes propres exercent leurs propres pressions. On est bien loin des préoccupations de santé du jeune ou de la réussite scolaire…

Par ailleurs, le temps de l’école n’est pas un temps isolé, il n’est pas non plus l’unique épisode de la vie du jeune. Réfléchir l’aménagement du temps scolaire, c’est prendre en compte tous les temps -temps scolaire, temps périscolaire (devoirs, soutien,..), temps de loisir, y compris les temps de sommeil. Il ne faut pas oublier la place croissante qu’ont pris la télévision et les nouveaux médias dans la vie de l’enfant, même très jeune et de l’adolescent. Tous passent bientôt plus de temps sur ces nouveaux écrans qu’à l’école !


Les études sur le rythme de l’enfant, et notamment celles sur la vigilance, ont toutes été effectuées dans un cadre de cours contraints. L’expérience montre qu’il en est tout autrement si l’enseignant sait interpeller, motiver ses élèves avant de faire son cours. Et ne parlons pas des moments où il y a projet, intrigue, travail de groupe ou sur le terrain. Quand l’enseignant sait mettre du sens, l’attention des élèves et leurs apprentissages sont tout autre.
 
De plus, s’interroge-t-on vraiment sur ce qu’on met toujours en avant : « l’heure de cours ». Que veut-elle dire vraiment ?
Le travail des élèves, son attention, sa motivation varie de 55 minutes à seulement… 5 minutes, suivant l’intérêt du cours pour l’enfant, suivant que la classe est calme ou dissipée, suivant l’aura de l’enseignant, etc... Et qu’en est-il de l’apprendre ? Les études de didactique montrent qu’apprendre n’est jamais corrélé automatiquement à une quantité d’heures de cours… Enseigner n’est pas automatiquement faire apprendre 
 
Le rythme scolaire ne peut s’envisager de façon cloisonnée, en se limitant à compter heures de cours et jours de classe. Les apparences sont toujours trompeuses et des mesures de surface ne pourront faire évoluer l’institution scolaire. (Re)penser l’école demande d’être un peu iconoclaste. On ne peut pas prendre de décisions sans s’interroger sur les divers paramètres en jeu. Notamment, on ne peut plus éluder la question des programmes ou celles des pédagogies dominantes.
 
La fatigue du jeune n’est-elle pas liée à l’ennui, à la démotivation plutôt qu’à la durée ? La perte du désir d’apprendre que l’on constate au cours de la scolarité, n’en est-elle pas un bel indicateur ? Le déficit d’apprentissage constaté n’est-il pas plutôt lié à des programmes soporifiques, sans lien avec le monde dans lequel vit l’enfant ? Cela est encore plus « vrai » s’il s’agit d’adolescents… Quand on interroge les élèves, c’est l’inintérêt des points abordés, c’est l’incompréhension du sens des exercices et du travail demandés qui donnent le sentiment d’une semaine pesante.
 
De même, peut-on continuer à faire abstraction des contraintes du fonctionnement de l’école ? Le temps scolaire s’inscrit dans un territoire sur lequel interviennent d’autres acteurs : collectivités territoriales, familles, clubs et associations. N’oublions pas par exemple les contraintes liées au ramassage scolaire. L’organisation du temps de l’école renvoie inévitablement à l’aménagement de l’espace, des locaux et de la gouvernance, à tous niveaux. A quoi bon mettre en place une « pause méridienne », si l’enfant en difficulté est soumis à du soutien qu’il vit souvent comme une punition, si la cantine ou le restaurant scolaire est bruyant ou la cours de récréation mal abritée.
 
Pourquoi n’introduit-on pas plus souvent des projets, des défis, des jeux de rôles, des échanges de savoirs, à commencer pour apprendre des savoirs indigestes comme l’orthographe ou les tables de multiplication ? Pourquoi n’introduit-on pas des moments de respiration ou de relaxation ou même des siestes obligatoires, comme cela le devient dans certaines entreprises, pour relancer l’attention, y compris en fin de journée. Etc.. Tout ne dépend pas d’une quantité de temps ou d’une quantité de jours. Il est possible d’apprendre plus et mieux, en moins de temps, quand on apprend autrement.
 
La formation des enseignants est une question beaucoup plus prioritaire. Notamment il leur faut apprendre à l’élève à apprendre par lui-même, et d’abord lui en donner le désir, plutôt que de lui insuffler par des méthodes d’un autre temps qu’on apprend seulement quand le professeur enseigne ! Que de temps perdu…

André Giordan et Jérôme Saltet[1]

[1]André Giordan est le fondateur et directeur du Laboratoire de Didactique et Épistémologie des Sciences de Genève. Il est l’auteur de nombreuses recherches sur l’école et sur l’apprendre. Jérôme Saltet est co-fondateur et directeur associé du groupe Play Bac (Les Incollables, Mon Quotidien). Tous deux travaillent ensemble depuis sept ans sur un projet de collège optimal et ont déjà publié ensemble quatre ouvrages sur « apprendre à apprendre ».

[1]Vincent Peillon, Conférence de rentrée du Ministre, 29/08/2012
[2]Ministère de l’Education Nationale, site Refondons l’école de la République.

Source : EDUCAVOX

20 septembre 2012

Démocratie participative : le gouvernement à son étude




Participation du public : le projet de loi en consultation

Plusieurs décisions du Conseil constitutionnel ont récemment censuré des dispositions législatives pour non-respect du principe de participation du public. Le Gouvernement met en consultation le projet de loi visant à corriger le dispositif.
Le projet de loi relatif à la mise en œuvre du principe de participation du public est en consultation sur le site du ministère de l'Ecologie jusqu'au 24 septembre prochain. Il y avait urgence pour le Gouvernement car plusieurs dispositions législatives ont été abrogées par le Conseil constitutionnel avec effet au 1er janvier prochain.

Multiples censures

“Toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la loi, d'accéder aux informations relatives à l'environnement détenues par les autorités publiques et de participer à l'élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement”, prévoit l'article 7 de la Charte de l'environnement qui, rappelons-le, a valeur constitutionnelle.

A plusieurs reprises ces derniers mois, le Conseil constitutionnel a abrogé des dispositions législatives du code de l'environnement pour non-respect de ce principe. Ainsi, par une décision du 14 octobre 2011, les sages de la rue Montpensier ont-ils censuré, avec effet différé au 1er janvier 2013, l'article L. 511-2 et le paragraphe III de l'article L. 512-7 du code de l'environnement portant respectivement sur les décrets de modification de la nomenclature des installations classées (ICPE) et sur les arrêtés de prescriptions générales applicables aux installations soumises à enregistrement.

Le 13 juillet dernier, c'est une disposition de l'article L. 512-5 du code de l'environnement relative à l'élaboration des arrêtés ministériels fixant les règles générales applicables aux ICPE relevant du régime de l'autorisation qui s'est vue abrogée par les sages avec effet différé au 1er janvier 2013 également.

Enfin, nouvelles censures le 27 juillet dernier portant sur le 4° de l'article L. 411-2 du code de l'environnement relatif aux dérogations aux interdictions de destruction d'espèces et sur le 5° du II de l'article L. 211-3 du même code relative aux zones de protection et aux programmes d'actions contre les pollutions diffuses autour des captages d'eau potable. Avec un effet différé de l'abrogation au 1er septembre 2013 pour la première disposition et au 1e janvier 2013 pour la seconde. Réagissant à ces nouvelles décisions, la ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, avait annoncé courant juillet l'élaboration "sans délai des dispositions législatives assurant la mise en conformité de l'ensemble du code de l'environnement avec l'article 7 de la Charte de l'environnement".

Elaboration des décisions individuelles : le Gouvernement procèdera par ordonnance

Le projet de loi apporte donc les corrections au code de l'environnement rendues nécessaires par les censures successives du Conseil constitutionnel, mais uniquement celles prenant effet au 1er janvier 2013. Autrement dit, rien dans le projet de loi ne concerne l'article L. 411-2 du code de l'environnement. Pourquoi ? Car cette censure portait sur la participation du public à l'élaboration de décisions individuelles.

Comme le rappelle le ministère de l'Ecologie, "c'est l'ensemble des décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement, quelle que soit l'autorité dont elles émanent et quelle que soit leur nature, qui est visé par l'article 7 de la Charte", y compris donc les décisions individuelles. Or, compte tenu du délai laissé par le Conseil constitutionnel (1er septembre 2013) et "de la nécessité de mener une réflexion approfondie sur cette question avec l'ensemble des acteurs concernés", le projet de loi prévoit d'habiliter le Gouvernement à prendre par ordonnance les dispositions nécessaires pour assurer la participation du public à l'élaboration des décisions individuelles.

Modification des dispositions à vocation transversale

Au-delà de la correction des procédures particulières à certaines catégories de décisions rendues directement nécessaires par les censures du Conseil constitutionnel, le projet de loi modifie l'article L. 120-1 du code de l'environnement, à vocation transversale et qui, en l'absence de procédure particulière, organise la participation du public à l'élaboration des décisions réglementaires de l'Etat et de ses établissements publics. Tirant les conséquences de la jurisprudence du Conseil, l'objectif est là-aussi "d'assurer sa pleine conformité avec l'article 7 de la Charte de l'environnement". Le projet de loi modifie également l'article L. 914-3 du code rural dont les dispositions sont analogues à celle de l'article L. 120-1 du code de l'environnement.

Le texte prévoit "qu'une procédure permettant de recueillir les observations du public devra être suivie en toute hypothèse", précise le ministère de l'Ecologie. Il introduit l'obligation de publier une synthèse de ces observations afin de permettre à toute personne de constater dans quelle mesure elles ont été prises en compte par la décision adoptée, ajoute-t-il.

L'adoption de cette loi permettra-t-elle de "de donner à l'article 7 de la Charte de l'environnement toute sa portée" ? C'est en tout cas l'objectif affiché par le ministère de l'Ecologie qui souhaite ainsi "permettre aux citoyens de s'impliquer de façon concrète et utile dans le processus d'élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement"… mais aussi éviter de nouvelles censures du Conseil constitutionnel.

Laurent Radisson
Source du lien : Actu-environnement.com
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19 septembre 2012

Refondation : Des voies s'ouvrent...




La concertation évolue. Il faut reconnaître que c’est un exercice difficile. Les gouvernements précédents ne s’étaient pas encombrés de règles morales et démocratiques, ils avaient tout imposé sans concertation et avec un renforcement sans précédent de l’autoritarisme, des contrôles et des sanctions. Les temps ont changé.

En offrant des tribunes, il était inévitable de recueillir un flot de revendications, de promotions des organisations, de glorifications d’expériences dont les porteurs pensent souvent qu’elles sont nouvelles voire pionnières, de réquisitoires et de plaidoiries. Au cours de ces moments, personne ne se parle en réalité, on s’écoute poliment et les comptes rendus s’accumulent, n’intéressant personne puisque tout a été dit, écrit, et depuis longtemps. Le mot « refondation » est rarement pris en considération. L’absence d’un cadre de pensée commun à tous les ateliers ouvre la voie à la dispersion, à la confusion.

On rencontre par exemple, fréquemment, la question fondamentale des rapports entre école et société, mais on la contourne comme si ce n’était pas le sujet.

Le mot « refondation » agace les serviteurs des ministères précédents, très présents, qui estiment que la refondation est entreprise depuis 2007 et qu’il suffit de continuer dans la voie toute tracée. La question des finalités, celle la place de l’Homme dans la société, celle de ce que pourrait être « l’honnête homme du 21ème siècle » apparaissent hors sujet à certains… La tâche des rapporteurs sera rude

On commence enfin, néanmoins, à se dégager de ces exercices convenus et on peut voir apparaître des convergences à côté de points de rupture historiques persistants comme l’école de la scolarité obligatoire, école du socle ou d’un socle, école fondamentale comme on disait autrefois, la distinction premier et second degrés, les disciplines scolaires.

Observateur attentif et intervenant provocateur (à la réflexion), j’ai l’impression aujourd’hui que deux leviers importants, incontournables, le numérique et le territoire, pourraient être actionnés pour se diriger vers une véritable refondation. Ils permettent, si l’on s’y tient, de se dégager du passé et du présent pour se projeter dans l’avenir. C’est difficile, car, jusqu’à présent, on a toujours, depuis la fin du 19ème siècle jusqu’à ce jour, fondé les réformes successives exclusivement sur l’analyse du passé et la recherche de son amélioration, mais sans toucher aux fondements et aux principes. La prospective n’est pas dans la pensée classique de l’institution scolaire.

Refonder, ce n’est pas réparer ou conforter l’existant, c’est reconstruire sur des bases, des valeurs nouvelles. Le numérique et le territoire sont des éléments nouveaux au regard de l’histoire de l’école. Ils bousculent les représentations et les certitudes. Ils se croisent et se renforcent. Nul besoin d’autoritarisme et d’incantations, ils s’imposent.

Le numérique imposera la refondation. Certes, le conservatisme peut se protéger en utilisant les outils, la technologie, pour faire la même chose qu’avant, en plus joli et plus moderne. Mais la pression des enfants et des jeunes qui maîtrisent les outils et leurs usages multiples, sans avoir été formés par l’école, se développe à un tel point qu’elle contraindra l’école à changer en profondeur dans ses contenus (les programmes), dans son organisation (la classe/l’heure/le cours/un prof), dans sa pédagogie (prise en compte des savoirs et des compétences acquis hors l’école), dans son fonctionnement (commandement, contrôle, travail d’équipe, ouverture), dans sa gestion. Les équipements et leur maintenance coûtent cher. En étant les principaux financeurs, les collectivités revendiqueront le droit de s’intéresser aux projets éducatifs, ce qui posera des problèmes considérables (rôle de l’Etat garant de l’équité et de la continuité). On rencontre alors l’autre levier, le territoire. D’une part, il deviendra inadmissible que de tels équipements ne servent que pendant le temps scolaire et d’autre part, l’idée de la globalité de l’éducation s’imposera. Les élèves n’apprennent pas qu’à l’école.

Pour l’école, le problème est simple, sans dramatiser, en étant lucide et réaliste, on peut affirmer que si l’école ne se transforme pas en profondeur, elle disparaîtra. Le phénomène est d’ailleurs déjà bien engagé. 
Il suffit de voir l’aggravation de l’ennui chez élèves, la difficulté croissante, pour les enseignants, d’enseigner, l’incompréhension des savoirs scolaires, le rejet de l’école par ceux qui n’en connaissent pas les codes, pour mesurer le danger et pour prévoir l’explosion si la refondation échouait soit par timidité du projet, soit par manque de courage politique.

Le territoire imposera la refondation. Certes, le scolaro-centrisme traditionnel persiste, y compris au niveau des équipes d’animation des groupes, mais on sent bien dans les débats qu’il est au bord de l’explosion. Les élus s’expriment de plus en plus. Les partenaires de l’école dénoncent les conséquences de la juxtaposition des actions autour de l’école dont il est impossible de mesurer l’impact dans l’état actuel des choses. Les parents d’élèves dénoncent le fait qu’ils ne sont, encore trop souvent, considérés que comme des auxiliaires des enseignants ; On n’échappera pas à l’exigence d’une nouvelle définition de la place de l’école dans la cité, dans le quartier, dans la ville ou le village. Une école ouverte. La notion de projet éducatif global devient incontournable. Fondé sur une réelle mobilisation des partenaires sur des finalités et des objectifs généraux communs, sur de réelles transversalités, sur des échanges réciproques de savoirs, sur l’exploitation par l’école des savoirs et compétences acquis hors l’école, sur la prise en compte du territoire dans des programmes nécessairement plus souples (exigence sur les finalités, souplesse sur les programmes), le PEGT (projet éducatif global territorialisé) encadré par la loi d’orientation et par des textes nationaux rigoureux, devient une perspective crédible.

Pour le concrétiser, la proposition de la Ligue de l’Enseignement de transformer les établissements scolaires en « maisons des savoirs et de l’éducation tout au long de la vie » est sans doute la voie dans laquelle la refondation peut s’engager.
Cette proposition s’inscrit parfaitement dans la logique de l’éducation globale dans laquelle l’école ne peut pas rester un sanctuaire. Les parents d’élèves, par exemple, n’y viendront pas seulement quand ils sont convoqués pour être magistralement conseillés, mais pour partager des savoirs, apprendre, réfléchir. C’est le seul moyen pour qu’ils y viennent aussi pour dialoguer sur les apprentissages de leurs enfants.

Il y a encore bien du pain sur la planche. Et des leviers déterminants seront indispensables si l’on veut passer de la réparation/ rénovation à la refondation.

Source : Educavox.

18 septembre 2012

Cité de la réussite : le partage au programme 2012

Le 19, 20 et 21 octobre 2012

Le partage

Depuis 1989, des centaines d'acteurs du débat public sont venus discuter et échanger avec des étudiants et un public toujours plus large. Année après année, tous ceux qui ont participé à la Cité de la réussite ont modestement essayé d'apporter leur pierre au débat citoyen. Partager des connaissances, s'intéresser, s'étonner, questionner, apprendre et comprendre les autres, telles sont les valeurs simples que nous avons essayé de promouvoir depuis deux décennies. Cette année, la Cité de la Réussite a décidé d'appeler ses participants à "partager".

Le partage est au cœur de ce qui fonde, construit et fait grandir l'Humanité.

Dans un contexte mondialisé mais individualiste, qui fait sauter les frontières territoriales et qui questionne autrement les enjeux de gouvernance, n'est-il pas essentiel de réinventer un modèle de société qui se fonde sur le partage et la recherche de nouvelles formes de solidarité ? C'est du partage que naissent les grands desseins démocratiques.

Le contrat social doit s'appuyer sur des principes, des valeurs partagées et sur le désir de vivre ensemble dans un destin commun. La démocratie en général tire sa force et sa légitimité de l'équilibre et du partage du pouvoir et des pouvoirs.




Le partage est bien sûr au centre du modèle de développement durable auquel nous aspirons. Le développement durable est l'affaire de tous. Nous partageons cette responsabilité de relever le défi écologique et social, unique dans l'histoire de l'Humanité.

Pour partager, il faut créer, produire et développer, et l'entreprise dans l'économie de marché est en quête de nouveaux modèles. L'avenir de l'entreprise et de l'économie en général se construit sur la nécessité de partager un destin "plus grand", "une vision", et de donner enfin du sens à l'engagement de chacun dans son travail et dans la communauté de travail.




Le partage interroge l'être, le soi avec les autres. Le partage est-il le don de soi aux autres, ou l'échange équilibré de ce qui fonde l'intimité et les sentiments ?

De la philosophie à l'être, de l'économie au développement durable, des fondements et de l'équilibre de nos sociétés et de nos démarches, le Partage est dans tout et interpelle la diversité des acteurs de notre société. La Cité de la Réussite en octobre 2012 invitera dirigeants, responsables publics, artistes, penseurs, journalistes et citoyens à partager deux journées d'échanges, de débats pour poser les bases d'un destin commun meilleur et de progrès.


Pour de plus amples renseignements : citedelareussite.com

Sophie Rabhi : Scolariser son enfant dans une école alternative



Sophie Rabhi, 38 ans, nous parle du parcours qui l’a amenée, en 1999, à créer son école basée sur les principes de Maria Montessori. Elle est la fille de Pierre Rabhi (Du Sahara aux Cévennes, La Gardien du feu, le recours à la terre, Parole de terre,…), philosophe et spécialiste de l’agriculture bio, bien connu dans les milieux de l’écologie et du développement durable.

Dans la suite logique de la création de son école « La Ferme des Enfants », elle est à l’origine d’un projet intergénérationnel sur ce lieu de vie, au hameau des Buis en Ardèche du sud.

Devenue maman, je me suis très vite posé la question de l’instruction de mes enfants. Sachant que, dans notre pays, la scolarisation est obligatoire à partir de 6 ans, mais recommandée dès 3 ans, je me suis interrogée sur les véritables besoins de l’enfant.
Etant née dans une ferme, au milieu d’un bois magique de plusieurs centaines d’hectares, j’ai toujours considéré l’école comme un lieu d’incarcération, où l’enfant est coupé de la réalité vivante du monde actif. Et je trouve paradoxal que nos sociétés occidentales préconisent d’enfermer toute la journée les enfants dans des lieux clos, fonctionnels, pour y étudier la réalité du dehors dans des livres.

Insatisfaite par les perspectives conventionnelles, j’ai ouvert, en 1999, une école dans la ferme familiale : La Ferme des Enfants. J’étais alors agricultrice, responsable d’une exploitation d’élevage caprin avec transformation fromagère.

L’école a été créée dans le cadre des activités complémentaires des agriculteurs. Au départ toute petite structure d’une quinzaine d’élèves, l’école a grandi au fil des années jusqu’à atteindre un effectif de 50 élèves. Elle a déménagé de la ferme familiale vers le Hameau des Buis, un éco-village de vingt maisons dans le sud de l’Ardèche initié par La Ferme des Enfants.

Le projet de l’école est lié au respect de l’enfant naturel et à la création d’un environnement pédagogique adapté aux enjeux actuels. Il est fondé sur deux axes complémentaires : l’un nourrit la vie intérieure et concerne le rapport à soi, à l’autre et au monde, dans la conscience, la coopération et la bienveillance. L’autre aspect concerne les compétences nécessaires pour acquérir de l’autonomie et les ressources utiles pour inventer l’avenir : les matières conventionnelles font partie intégrante de ces outils d’autonomie, mais aussi savoir traire une chèvre, faire du fromage, élever des poules ou des cochons, faire pousser des légumes, coudre, tisser, éco-construire, cuisiner…



La vie scolaire à La Ferme des Enfants se partage donc entre temps de classe et temps d’ateliers, l’un nourrissant l’autre. C’est une école ouverte sur le monde, avec de nombreux intervenants, car chacun est maître dans ce qu’il connaît, dans ce qu’il porte par son vécu. Des retraités, des artistes, des artisans, des voyageurs viennent ainsi partager leur expérience, leurs savoirs et leur savoir-faire avec les enfants.

Les enfants ont la liberté de faire des choix en accord avec leurs centres d’intérêt, autant pour le travail en classe que pour le choix des ateliers. Chacun se responsabilise ainsi sur ce qu’il veut accomplir dans sa journée. Le fonctionnement de l’école est démocratique : un Conseil hebdomadaire rassemble ses acteurs de tous les âges pour l’expression des problématiques et la prise de décision. Les enfants sont ainsi amenés à donner leur voix, avec la même considération que celle d’un adulte, dans les domaines décisionnels qui leur sont impartis.

Mes quatre enfants ont bénéficié, et bénéficient encore pour les plus jeunes, de ce parcours atypique. Cette scolarisation s’accompagne de choix forts pour la vie de famille également :honorer les besoins de l’enfant est une priorité pour mon mari et moi, comme pour les dizaines de familles, venues de France et d’autres pays européens, qui n’ont pas hésité à déménager pour se rapprocher de La Ferme des enfants, bouleversant ainsi leur vie professionnelle et sociale.

Respecter l’enfant, ses rythmes, son individualité, ses émotions, mobilise notre bienveillance et notre écoute au-delà de l’imaginable. Il nous faut trouver en nous des trésors de ressources pour rester fidèles à nos valeurs : accepter l’enfant tel qu’il est et n’user contre lui d’aucun mauvais traitement.

Avec le travail d’Alice MILLER, j’ai mesuré un aveuglement dont je n’avais pas conscience, celui d’une société pour laquelle « frapper un animal s’appelle cruauté, frapper autrui est un délit mais frapper un enfant est de l’éducation… ». Combien de personnes encore prétendent ne pas maltraiter leur enfant : « juste une petite fessée de temps en temps » ? Combien prétendent ne pas utiliser de punition mais isolent l’enfant dans sa chambre lorsque son comportement dérange, ou pratiquent la manipulation : « si tu as ton brevet, tu auras un scooter »… ?

La relation de l’adulte à l’enfant se fonde, dès le plus jeune âge, sur le pouvoir. Rien d’étonnant donc que notre société use et abuse d’un même fonctionnement qui pervertit la relation et nous éloigne de notre humanité. J’ai aujourd’hui la conviction que la personne humaine possède, au sein d’elle-même, un instrument extraordinaire d’une grande valeur, mais aussi d’une grande fragilité : sa sensibilité. Cet instrument a ses harmoniques propres, et il réagit en résonance avec le monde. Lorsque l’enfant naît, il a besoin d’une extrême bienveillance pour s’accueillir dans ses ressentis les plus intimes et permettre à cet instrument de se déployer dans toute sa beauté. En rencontrant la brutalité des comportements de ses parents ou éducateurs, l’instrument ternit. Il ne peut assumer les contradictions ressenties. La douleur est trop vive. Alors, la personne s’endurcit et s’adapte. La carapace s’épaissit. « Plus je mets du cadre, plus il est insupportable ! » se plaint-on. On constate que des enfants durement éduqués n’écoutent plus rien : ils traversent la vie, prisonniers de leur agitation intérieure, en bousculant tout sur leur passage… L’instrument ne résonne plus, éteint par haute trahison…

Lorsque j’ai mis en acte mes idées sur la manière d’accompagner les enfants, j’ai reçu en retour beaucoup de critiques, de doutes… Mon approche a été considérée comme subversive ou teintée d’inconscience. Nombre de parents se sont rapprochés de La Ferme des Enfants par idéal, puis s’en sont éloignés, parfois avec fracas, trop perturbés par ce changement de repère : « Comment faire si je ne domine plus mon enfant ? Comment m’obéira-t-il ? Comment obtiendrai-je de lui de bons résultats scolaires ? Ne va-t-il pas devenir une mauvaise personne ? ». 

Les enfants nous bousculent. Ils mettent sur la table leurs conflits intérieurs, leurs scénarios familiaux. Les émotions fusent. Face à cette situation inconfortable, les parents sont interpellés au plus profond. Soit ils capitulent et retournent vers un système plus contenant, soit ils considèrent que les manifestations de leurs enfants sont des occasions pour des guérisons et une évolution personnelle. Au fur et à mesure que le travail s’accomplit, l’instrument se dégrippe et, petit à petit, se remet à chanter. La beauté de ce processus est aussi émouvante qu’une naissance. 

Autour de cette démarche, beaucoup de confusion vient brouiller le regard des témoins. J’ai été moi-même dans cette confusion : ma démarche est-elle une réaction ou une action ? Dans mon parcours de maman et d’éducatrice, je me suis parfois perdue entre ces deux démarches radicalement différentes. La réaction est située sur le même mouvement de balancier que ce contre quoi nous luttons. En ce sens, elle ne permet aucun changement véritable. L’action se situe quant à elle dans un espace neuf, inspiré. Ecouter l’enfant et lui permettre d’être lui-même, vibrant et bien vivant, ne signifie donc pas l’abandonner à sa propre énergie. L’enfant a besoin de nous pour se construire et nous devons être bien présents à ses côtés pour l’écouter, le conseiller, le guider, lui donner la main, le soutenir, le contenir si nécessaire. Il doit pouvoir s’appuyer sur nous, avec la confiance édifiée par la patience et la bienveillance que nous lui témoignons.

Cette qualité relationnelle n’est globalement pas envisageable dans le système scolaire traditionnel. Le hasard fait que, de temps à autre, un enseignant porte ces qualités. Mais l’organisation générale de l’école, basée sur la compétition et la sanction, ne permet pas à l’enfant de grandir en confiance.

L’école alternative remédie parfois à cela, quand les adultes qui en sont responsables travaillent avec cette conscience des enjeux. Pour ma part, je me réjouis de voir maintenant mes grands enfants, âgés de 13 et 11 ans, forts de leur expérience de scolarisation différente. Je les vois riches, entiers, compétents, prêts pour la vie.
Malgré les difficultés et les errances, si c’était à refaire, je recommencerais sans hésiter.

Source : amisdecircee.fr

17 septembre 2012

Education : Refondation et peur des changements



Toujours cette impression générale décrite dans les chroniques précédentes, renforcée par le fait que les concepteurs des politiques éducatives et les responsables de leur mise en œuvre, le plus souvent techniciste et autoritariste, s’enhardissent et viennent faire l’apologie de ce qui a mis le système éducatif sur la voie de la catastrophe.

Spectacle parfois étonnant qui conduit les militants pédagogiques à se demander pourquoi on a osé parler de refondation alors que tout va bien et qu’il suffit d’améliorer quelques domaines particuliers et quelques problèmes marginaux.

Le directeur de la DEP, la secrétaire générale d’une académie qui a mis en place le pilotage par les résultats, les contrats d’objectifs, etc, sur le modèle de l’entreprise, des hauts fonctionnaires fidèles aux postes, clamant leur bonne foi et leur autonomie, occupent le terrain sans jamais prononcer le mot refondation et, bien évidemment, oubliant ou ignorant la souffrance des professeurs, l’ennui des élèves, l’angoisse des parents.

Les ruptures qui seraient indispensables pour garantir un avenir démocratique et humaniste au système éducatif n’apparaissent jamais dans leurs interventions qui créent un certain malaise renforcé par le sentiment confus qu’il est devenu incorrect, inconvenant, impoli, de faire l’état des lieux.
 
Il est vrai que les débats manquent d’un cadre de pensée, en grandes tendances, d’une vision de l’école du futur à longue échéance, d’une réflexion prospective sur la place de l’école dans la société de la connaissance et de la communication. On ne parle que du passé.

Michel Serres disait qu’au cours des campagnes électorales, il n’entendait, à propos de l’école, que des « discours de vieux » comme si le monde n’avait pas complètement changé. Il devrait intervenir dans les groupes de concertation ! Philippe Meirieu évoque dans « Les idées en mouvement » (magazine de la Ligue de l’Enseignement) les descriptions consensuelles derrière lesquelles « il faudrait regarder les lames de fond qui bousculent aujourd’hui notre institution scolaire, à l’insu parfois des acteurs eux-mêmes ». Dommage qu’il ait renoncé à apporter sa lucidité et sa compétence à la concertation.

 A la rentrée, on a pris quelques mesures d’urgence sur les postes, sur la formation, sur l’évaluation des enseignants mais on n’a pas suspendu les programmes affligeants de 2008, les pratiques autoritaristes des cadres formatés, l’aide individualisée unanimement condamnée y compris dans les milieux qui soutenaient le pouvoir précédent. La souffrance des enseignants, l’ennui des élèves, la perte de sens de l’école par rapport à l’évolution du monde s’effacent devant l’exigence de faire des propositions, celles là même que l’on entend depuis trente ans et qui ne mettent pas en cause les « fondations » pourtant chancelantes, du système.…
 
Les discours s’amoncellent, excellents, se drapant parfois de la noblesse de la technique pour mieux fuir la politique, même au sens le plus noble, et la pédagogie. On passe son temps à tenter de protéger la bougie ou à l’améliorer, oubliant que ce n’est pas l’amélioration de la bougie qui a permis de découvrir l’ampoule électrique.
 
A l’évidence, on a peur des ruptures et face à cette peur, on tend vers le ravalement de façade et la réparation des vieilles fondations plutôt que vers la construction courageuse de nouvelles fondations. Refonder, n’est-ce pas faire du neuf ?

Pourtant, il est évident qu’il n’y aura pas de refondation sans au moins quelques ruptures qu’il ne suffirait certes pas de décréter, mais qu’il faudrait préparer avec les enseignants, avec tous les acteurs éducatifs, avec l’ensemble des citoyens, en mobilisant la base sans attendre que la force centrifuge du consensus n’ait fait disparaître ce besoin fondamental de ruptures.

Prenons l’exemple traité dans l’un des groupes, de la formation des enseignants. Comment peut-on en parler sans avoir préalablement une réflexion sur ce que pourrait être l’enseignant du futur dans la société de la connaissance qui bouge à grande vitesse et dans l’éducation tout au long de la vie qui devrait s’imposer ?

Si les modèles encore en vigueur en 2012, comme le principe « une heure, une classe, un prof, un cours », ou comme le cloisonnement des disciplines scolaires, sont à l’évidence déjà décalés par rapport aux évolutions de la société, qu’en sera-t-il dans 10 ou 15 ans ? Au-delà de l’affirmation réitérée « il faudra toujours des profs », ne serait-il pas urgent d’oser se dire : « oui, mais quels profs et quelle formation neuve ? ». La mastérisation qui a renforcé magistralement le déni de la pédagogie, savamment construit, est aux antipodes d’une formation professionnelle pour le futur.

Alors, quelle rupture ?

Prenons l’exemple de l’évaluation des performances des élèves. Cette évaluation dont on dit qu’elle est indispensable, ce qui n’est pas contestable, sans dire comment faire pour qu’elle ne soit pas une maladie et un outil au service d’une conception dangereuse de la société dont personne n’a débattu avant qu’elle ne s’impose. On cautionne alors, en fait, le maintien de pratiques désastreuses. « L »individualisme triomphant entre ainsi parfaitement en résonance avec l’injonction permanente à l’individualisation et ses lieux communs : tout dysfonctionnement doit être traité avec le modèle médico-pharmaceutique individuel, diagnostic/remédiation, quand ce n’est pas selon le principe détection/dérivation, l’apprentissage se réduit à une collection de compétences ; la découverte culturelle et le plaisir de penser disparaissent derrière les critères de l’employabilité ; le collectif est désinvesti comme lieu de construction de soi et du monde » (Philippe Meirieu, article cité).

Quelles ruptures dans cette dérive ?

Prenons l’exemple de la gouvernance. Pyramidale, autoritaire, par tuyaux d’orgue pour la descente et parapluies à chaque étage pour la remontée. Scolaro-centrée. Il faudra bien mettre plus d’horizontalité, de confiance, d’espace et de temps pour la mobilisation de l’intelligence collective. Il faudra bien envisager la place des collectivités qui ne pourront se satisfaire encore longtemps d’être des tiroirs caisses sans participation réelle au projet d’établissement qui devient un projet de territoire. On pourrait en arriver à faire financer par des collectivités à majorité progressiste des mesures destinées à renforcer des pratiques conservatrices. Evidemment, le problème est considérable mais il sera impossible de le contourner : autonomie par rapport à des pouvoirs politiques soumis aux alternances quand, en éducation, rien ne peut se réaliser à court terme, importance du rôle de l’Etat, démocratie, etc.

Quelles ruptures pour éviter les crises 
et se projeter vers l’avenir ?

J’ai déjà pris l’exemple du numérique dans la chronique n°2. Je pense qu’il peut être un puissant levier pour garantir des ruptures positives comme il peut être un outil de la persistance de pratiques conservatrices modernisées en apparence.

Quelle rupture ?
 
A vouloir fuir les ruptures, on fuit en réalité la refondation, ce qui satisfait plus d’un intervenant dans la concertation.

La réalité de la refondation pourrait se mesurer au nombre de ruptures annoncées, assumées, préparées, accompagnées… Il en faudrait quand même quelques unes pour que le nouveau projet éducatif global national mérite le beau mot de refondation.

Source : EDUCAVOX

Jeremy Rifkin : Participons à la 3e Révolution Industrielle



La « troisième révolution industrielle » est une expression popularisée par un récent essai de Jeremy Rifkin. Mais s’il se penche attentivement sur la question de l’énergie, qu’il envisage durable et distribuée, il se montre moins prolixe sur la question de la production.

Or là aussi de profonds bouleversements nous attendent…

Je casse une assiette aujourd’hui. Je prends ma voiture pour aller chez Ikea en acheter une autre (construit en Chine). Je casse une assiette demain. Je vais chercher sur Internet le fichier numérique « assiette », puis je demande à mon imprimante 3D de m’en créer une nouvelle sous mes yeux ébahis.

Et là où ça devient encore plus intéressant c’est quand l’imprimante tout comme le fichier sont libres, m’assurant alors que j’aurais une grande variétés de fichiers « assiette » à télécharger et que je pourrais même les modifier à ma guise avant de les imprimer :) La numérisation de la fabrication modifiera la manière de fabriquer les biens ainsi que la notion même de travail.

La première révolution industrielle commença à la fin du XVIIIe siècle, avec la mécanisation de l’industrie du textile. Les tâches qui avant étaient exécutées laborieusement à la main par des centaines de petites industries de tisserand ont été réunies en une seule fabrique, et l’usine était née. la seconde révolution industrielle arriva au début du XXe siècle quand Henry Ford maîtrisa l’évolution des lignes d’assemblage et conduit à l’âge de la production de masse. Les deux premières révolutions rendirent les gens plus riches et plus urbains. Maintenant une troisième révolution est en cours. La fabrication devient numérique. Elle risque pas de ne changer que les affaires, mais bien plus de choses encore.

De nombreuses technologies innovantes convergent : logiciels, nouveaux matériaux, robots plus habiles, nouveaux procédés (en particulier l’impression 3D) et une large variété de services web. L’usine du passé reposait sur la production en masse de produits identiques : Ford disait que les acheteurs de voiture pouvaient avoir la couleur qu’ils voulaient, tant que c’était noir. Mais le coût de production de lots plus petits, d’une plus grande variété, où chaque produit est fait précisément sur mesure selon le vœu de chaque client, est en train de chuter. L’usine du futur se concentrera sur la personnalisation de masse et ressemblera bien davantage à de toutes petites industries qu’à la ligne de montage de Ford.

Vers une troisième dimension

Autrefois, pour faire des choses, on vissait et on soudait. Maintenant un produit peut être conçu sur un ordinateur et « imprimé » sur une imprimante 3D, qui crée un objet en volume en accumulant des couches successives de matière. La conception numérique peut être ajustée en quelques coups de souris. L’imprimante 3D peut fonctionner sans surveillance et peut faire des objets trop complexes pour être produits dans une usine traditionnelle. Un jour, ces machines étonnantes pourront faire presque tout, partout, dans votre garage ou dans un village en Afrique.

Les applications d’impression 3D sont particulièrement époustouflantes. Déjà, les prothèses auditives, et les parties haute technologie des avions militaires sont imprimées avec des formes adaptées. Un ingénieur travaillant au milieu du désert, à qui il manquerait un certain outil n’a plus besoin de se le faire livrer dans la ville la plus proche. Il peut simplement télécharger le design et l’imprimer. Les jours où les projets sont arrêtés pour cause de pièce manquante, ou encore, lorsque les clients se plaignent de ne plus pouvoir trouver les pièces de rechange de ce qu’ils avaient achetés, seront bientôt de lointains souvenirs.

Les autres changements sont presque aussi capitaux. Les nouveaux matériaux sont plus légers, plus résistants et ont une durée de vie plus longue que les anciens. Les fibres de carbone remplacent l’acier et l’aluminium pour des produits allant du VTT aux avions de ligne. Les nouvelles techniques permettent aux ingénieurs de réduire la taille des objets. Les nanotechnologies donnent de nouvelles fonctions aux produits comme les bandages qui guérissent les coupures, les moteurs avec un rendement supérieur ou de la vaisselle qui se nettoie plus facilement. Les virus crées génétiquement sont développés pour être utilisés comme batteries. Et, avec Internet qui permet aux designers de collaborer sur les nouveaux produits, les barrières d’entrées sont en train de s’effondrer. Ford avait besoin d’un gros tas de capital pour construire sa colossale usine River Rouge ; son équivalent moderne peut commencer avec trois fois rien dont un ordinateur portable connecté et la soif d’inventer.

Comme toutes les révolutions, celle-ci sera fortement perturbatrice. La technologie numérique a déjà renversé les média et la vente au détail, comme les filatures de coton ont écrasé les métiers à tisser manuels et la Ford T a mis les maréchaux-ferrants au chômage. Les gens seront extrêmement surpris devant les usines du futur. Elle ne seront pas pleines de machines crasseuses commandées par des hommes en blouse graisseuse. Beaucoup seront d’une propreté irréprochable et quasi-désertes. Certains fabricants de voitures produisent le double de véhicules par employé qu’il y a dix ans. La plupart des emplois ne sera plus dans les usines mais dans les bureaux non loin, qui seront pleins de designers, d’ingénieurs, d’informaticiens, d’experts en logistique, de commerciaux et d’autre professions. Les emplois manufacturiers du futur demanderont d’avantage de compétences. De nombreuses taches répétitives et ennuyeuses deviendront obsolètes : on n’a pas besoin de riveteur quand un produit n’a plus de rivets.

La révolution n’affectera pas seulement la façon dont les choses sont faites, mais aussi le lieu où elles sont produites. Avant les usines se délocalisaient dans des pays à bas salaires pour diminuer le coût du travail. Mais le coût du travail est de moins en moins important : un iPad de première génération à 499 $ comprend aujourd’hui seulement 33 $ de travail manufacturé sur lequel l’assemblage final en Chine ne représente que 8 $. La production aujourd’hui offshore va de plus en plus souvent revenir dans les pays riches, bien moins à cause d’une hausse des salaires chinois que parce que les compagnies veulent désormais être plus proches de leurs clients de façon à pouvoir répondre plus rapidement à leurs demandes de modifications. Et certains produits sont si sophistiqués qu’il est pratique d’avoir les personnes qui les ont conçus et celles qui les ont fabriqués au même endroit. Le Boston Consulting Group estime que dans des domaines comme les transports, les ordinateurs, la fabrication de produits métalliques et la machinerie, 10 à 30 % des biens que les américains importent actuellement de Chine pourraient être fabriqués à domicile d’ici 2020, stimulant l’exportation américaine de 20 à 55 milliards de dollars par an.

Le choc de la nouveauté

Les consommateurs auront peu de difficultés à s’adapter à cette nouvelle ère de meilleurs produits rapidement livrés et créés près de chez eux. Les gouvernements pourraient toutefois commencer par résister au mouvement. Leur instinct est de protéger les industries et les entreprises qui existent déjà plutôt que de promouvoir les nouvelles qui les détruiront. Ils attirent les anciennes usines avec des subventions et stigmatisent les patrons qui voudraient délocaliser. Ils dépensent des milliards dans de nouvelles technologies qui, à leur avis, prévaudront dans l’avenir. Et ils s’accrochent à la croyance romantique que la fabrication est supérieure aux services, sans prendre en compte la finance.

Rien de ceci n’a de sens. Les frontières entre la manufacture et les services deviennent floues. Rolls-Royce ne vend plus de réacteurs, elle vend les heures pendant lesquelles chaque moteur propulse un avion dans le ciel. Les gouvernements ont rarement choisi les vainqueurs, et ils vont probablement mettre du temps à voir ces légions d’entrepreneurs et de bricoleurs qui s’échangent des plans en ligne, les transforment en produits chez eux et les vendent à l’échelle mondiale depuis un garage.

Pendant que la révolution gronde, les gouvernements devraient en rester aux bases : de meilleures écoles pour une main d’œuvre qualifiée, des règles claires et équitables pour les entreprises de toutes sortes. Laissez le reste aux révolutionnaires.


SOURCE : Framablog

Comment les dons peuvent changer la donne




Nous vous faisions part, la semaine dernière, des bons conseils d’Ethan Zuckerman pour utiliser intelligemment le financement participatif pour mener à bien des projets citoyens… Le chercheur, directeur du Centre des médias civiques du MIT, a récemment complété son propos à l’occasion d’une conférence donnée à l’université Flinders à Adélaïde en Australie qu’il a retranscrite sur son blog (vidéo). Pour lui, l’expérience de financement participatif de Jase Wilson qu’il évoquait (le développeur Jase Wilson a lancé une collecte de dons sur l’internet pour financer une ligne de tramway à Kansas City, un projet que la ville venait d’abandonner faute de financement) est un exemple de la façon dont les “natifs” d’internet utilisent l’internet pour exercer leur citoyenneté, et s’engager via de nouvelles formes d’outils dans la vie civique.

Ethan Zuckerman voit à la fois le potentiel et le risque de ces expériences. “Je crains que nous nous dirigions aveuglément vers une façon différente de concevoir les relations civiques entre les individus et les gouvernements. Mais je pense aussi que si nous pouvions trouver une façon de tirer partie de ces formes d’engagement basées sur l’internet, nous pourrions revitaliser la participation politique.”

Il y a une critique récurrente autour des discussions sur les liens entre l’internet et l’engagement civique qui se demande pourquoi nous devrions imputer des pouvoirs spéciaux à un moyen de communication. “Je suis d’accord que nous simplifions trop la situation quand nous déclarons que Facebook a renversé Moubarak ou que l’autoritarisme chinois ne peut survivre à la montée des services de microblogging comme Weibo. Mais il serait également une erreur de ne pas prendre au sérieux le rôle des nouveaux médias de communication dans la compréhension de la vie civique.

Dans les Etats démocratiques, les citoyens ont besoin d’informations sur les défis auxquels fait face un gouvernement et ce qu’il propose de faire à ce sujet, pour être des citoyens actifs. Et les citoyens doivent être en mesure de se connecter entre eux pour discuter, débattre et proposer des solutions. Ce qu’un moyen de communication permet a une influence sur l’élaboration de la vie civique.”

Aux Etats-Unis, le gouvernement a investi très tôt dans une technologie conçue pour relier les citoyens afin qu’ils puissent se gouverner. Ce n’était pas l’internet, mais, à l’époque, le système postal – “la technologie connective de l’époque” – , établi dans la Constitution américaine et mis en oeuvre de façon à encourager les citoyens à utiliser le courrier comme un espace civique, explique Ethan Zuckerman. Le système postal a subventionné la distribution des journaux tant et si bien qu’il coût moins cher d’envoyer un journal qu’une lettre. Grâce à ces coûts bas, beaucoup d’Américains se sont abonnés à plusieurs journaux, leur permettant d’avoir plusieurs points de vue politiques et géographiques sur les informations et les opinions (comme l’explique Paul Starr dans son livre La création des médias).



Comme la structure de l’industrie des médias a changé, nous observons des changements parallèles dans la politique. La montée de la publicité comme source majeure des revenus des médias, à la place de l’abonnement, a encouragé les journaux à passer d’opinions partisanes et opiniâtres à des organes “objectifs”, chargés de rapporter les faits de façon à attirer les lecteurs de tous bords politiques. Les articles ont augmenté en taille et ont commencé à couvrir plus d’évènements nationaux et internationaux. “Ce passage d’une presse de partie aux facettes multiples, comprenant beaucoup de couleur locale et d’opinions, à une presse plus concentrée à l’échelle nationale coïncide avec la forte montée du bipartisme et la diminution de l’influence locale sur les plates-formes politiques.

A mesure que les médias audiovisuels (en particulier la télévision) sont devenus les formes de médias dominantes, la politique s’est synchronisée à l’échelle nationale”, tant et si bien qu’il n’est plus possible de parler d’une façon dans une région et différemment dans une autre. Ainsi, ce changement a contribué à éliminer certaines particularités et bizarreries de la politique américaine. Même au sein d’un système à deux partis, nous avons eu des partis politiques qui avaient des variations régionales, explique Ethan Zuckerman : “le Dixiecrat (désignant les élus démocrates du Sud des Etats-Unis, NDE), était fiable démocratiquement, mais loin d’être progressiste sur la question de la justice raciale ; tandis que les politiciens du Nord Est, aujourd’hui disparus, étaient sociaux modérés, mais fiscalement plutôt conservateurs républicains”.

“Les médias de diffusion ont contribué à agir en tant que fonction de synchronisation, permettant aux dirigeants des partis de faire valoir leurs candidats en accord avec les valeurs du parti, quelles que soient leurs sensibilités locales. (…) Le résultat final a donné deux partis très polarisés, chacun avec une profonde base géographique et une plate-forme largement inébranlable, mais avec peu d’incitations à se parler entre eux.”

“Un autre effet de l’augmentation de la diffusion des médias a été l’augmentation des coûts budgétaires de la politique”, estime le chercheur. “La télévision, très coûteuse, a transformé les campagnes politiques en concours de collecte de fonds. Pendant des années les rapports sur les campagnes politiques comparaient combien chaque candidat levait. Désormais, le jeu a pris une nouvelle dimension avec la règle des Citoyens Unis, qui donne aux entreprises les mêmes droits que les individus et qui a créé la nouvelle catégorie des SuperPACs, conçus pour travailler pour le compte d’un candidat, mais pas en coordination avec ce candidat. Jusqu’à présent, la campagne électorale de 2012 est en passe de devenir la campagne la plus agressive de l’histoire récente, moins centrée sur les enjeux que sur les défauts personnels de chaque candidat (et, même si je soutiens le président Obama, je crains que sa campagne soit pire que la campagne de Romney à ce jour).”



La démocratie participative
basée sur l’internet a-t-elle un avenir ?


“Le juriste Lawrence Lessig suggère que nous sommes entrés dans une ère de capture de la politique américaine par les entreprises, une forme de corruption si profonde qu’il n’y a aucune autre alternative que de s’attaquer à la racine du mal : le financement public des campagnes électorales et la fin de la personnalité des entreprises. Il a peut-être raison”, concède Ethan Zuckerman. “Mais il y a une autre école de pensée qui regarde l’évolution de la politique en parallèle avec le virage des médias dominants. 

Alors que nous nous dirigeons vers la participation – les médias basés sur l’internet -, peut-être nous dirigeons-nous vers une nouvelle forme de participation : la démocratie basée sur l’internet.”

“Cette idée a refait surface au cours de la campagne d’Howard Dean en 2004, rappelle le chercheur. Dean, candidat démocrate à la présidentielle de 2004, alors qu’il était pourtant loin de la nomination, a capturé l’imagination d’un groupe de militants férus de technologie, qui ont vu dans sa candidature une occasion de construire une plate-forme politique pour ses propositions politiques. Cette énergie participative a été très bien exploitée en 2008 par Barack Obama qui a demandé à ses partisans de concentrer leurs efforts non pas sur l’élaboration de propositions politiques, mais sur la promotion de sa candidature. Obama a construit une liste massif de courriels, qui lui a permis de lever d’énormes sommes d’argent par le biais de petites contributions.
Mais une fois élu, il était moins évident que sa présidence serait disposée à la participation en ligne. Une expérience pour fixer les priorités de l’administration pour les 100 premiers jours de la présidence a invité les partisans à proposer des questions hautement prioritaires. 

Lorsque les électeurs ont proposé la légalisation de la marijuana en tête des propositions, le président Obama a clairement indiqué qu’il ne suivrait pas cette proposition.”

Effectivement, comme le souligne très bien Ethan Zuckerman, l’expérience semble avoir signé un coup d’arrêt dans la mise en place de dispositifs politiques participatifs d’envergure.

“Il est certainement possible que d’autres formes de délibération en ligne auront demain une influence sur la vie politique américaine, mais il est peut probable que la rédaction collaborative des lois (comme l’effort d’écrire des alternatives à la SOPA/PIPA) soient un jour adoptée par ceux qui exercent le pouvoir. Ces systèmes ont tendance à être victimes de la capture par ceux qui sont le plus éloquent ou le plus persistant, qui sont capables de prendre le dessus sur les autres que ce soit par compétence ou par acharnement.”

Si la délibération collective n’a pas profondément transformé la politique, peut-être que l’accès aux données de gouvernement le pourra, estime le chercheur, cherchant un espoir de reprise des politiques participatives d’envergure dans la réutilisation des données publiques. 

Des associations comme la Sunlight Foundation et l’administration Obama se sont engagées dans des politiques d’ouverture des données publiques (voir plutôt de développement d’applications, critique Sean Gallagher pour ArsTechnica). Il y a eu quelques victoires impressionnantes dans cet espace, comme l’exposition du fait que les membres de la famille d’un politicien travaillant pour financer les campagnes politiques pouvaient bénéficier financièrement des dons aux partis politiques, explique le chercheur. Mais il reconnaît également que “bien que ces données et outils soient très utiles pour les accros de la politique et les journalistes, ils ne semblent pas avoir touché le grand public”.

La participation doit-elle influencer la politique ?


Visage avec point d'interrogation 2

“MySociety, une entreprise britannique prônant l’ouverture du gouvernement et dirigée par Tom Steinberg, aborde le problème de la participation du public aux données du gouvernement à partir d’un point de vue différent. Alors que Steinberg et ses collègues sont profondément intéressés et engagés dans le mouvement de libération des données publiques, ils supposent que ce n’est pas le cas des utilisateurs. Pour remédier à cela, ils proposent des outils comme FixMyStreet, qui permet aux individus de prendre une photo de choses qui devraient être réparées dans leurs quartiers et les télécharger avec leurs coordonnées sur le site.

Cela permet à FixMyStreet de fournir aux administrations locales une carte des plaintes, mais le but véritable de ce système est plus subtil : il est conçu pour enseigner aux utilisateurs comment devenir des citoyens puissants et efficaces. Lorsque votre plainte concernant un nid de poules ne conduit pas à une réparation rapide, FixMyStreet vous rappelle que la question est toujours en suspend et suggère ce que vous pourriez faire pour obtenir une réponse, permettant de faire progresser sa doléance dans la hiérarchie des administrations locales.

FixMyTransport va plus loin et suggère que vous avez peu de chances de résoudre les nombreux problèmes de transit à moins que vous et d’autres ne forment des groupes de quartier pour faire pression pour un changement systémique… et donc vous invite à vous mettre en relation avec d’autres personnes dans votre quartier intéressées par la même question que vous. Ce qui semblait être un simple outil convivial pour vous permettre de signaler un problème devient un cours d’initiation à l’éducation civique, en mettant l’accent sur les personnes qu’il faut harceler, pressurer et embarrasser pour que le changement soit effectif.”

Article publié sur Internet Actu.


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