3 mai 2014

MOOC : la chine à l'assaut !



L'information est passée à peu près inaperçue dans l'Hexagone : début avril, la Chine a fait une entrée en force dans le domaine des MOOCs, ces cours en ligne "massivement ouverts", qui ont été lancés aux Etats-Unis.

C'est la prestigieuse université Jiao-Tong de Shanghai - celle-là même qui a créé le fameux classement mondial des universités - qui a pris cette initiative. Elle vient en effet de fédérer 19 institutions chinoises d'enseignement supérieur - parmi lesquelles Normal University et DongHua University - pour permettre aux étudiants de suivre des cours en ligne et d'obtenir ainsi des crédits. Sa plate-forme (cnmooc.org) commence à proposer des vidéos, des questionnaires et des forums de discussion réunissant étudiants et professeurs. Un premier ensemble d'une dizaine de cours traitera notamment d'histoire de l'art, de mathématiques, de médecine chinoise traditionnelle... et même des préceptes de Sun Tzu appliqués au management. Des enseignants choisis parmi les principales pointures d'établissements de renom comme comme l'université de Pékin ou l'université de sciences et technologie de Hong Kong (HKUST) seront mobilisés. Certains cours seront également des reprises d'enseignements proposés par "diverses universités de premier plan à travers le monde". Jiao-Tong a en outre signé un accord avec Baidu, le principal moteur de recherche du pays, afin de faciliter la consultation de vidéos en streaming sur le site.

"Ce lancement constitue une étape décisive pour le développement de la formation en ligne en Chine", souligne Huang Zhen, le vice-président de Jiao-Tong, qui y voit aussi "une opportunité pour réformer les méthodes traditionnelles d'enseignement et favoriser l'essor d'un modèle de formation plus interactif et plus participatif". Parmi les objectifs annoncés figure également celui de permettre aux étudiants des 19 établissements partenaires de suivre une seconde filière en ligne, en sus de celle qu'ils suivent en "présentiel".

La nouvelle plateforme vise aussi à attirer des étudiants étrangers. A cet effet, plusieurs des cours comporteront des sous-titres en anglais.

Bouleversement annoncé au plan mondial

A ceux qui en douteraient encore, cette arrivée des universités chinoises confirme que les MOOCs constituent un enjeu majeur pour les institutions d'enseignement supérieur du monde entier - et pour leurs autorités de tutelle, à commencer par les pouvoirs publics.

Certes, de très nombreuses questions se posent encore concernant le "business model" des MOOCs, la rentabilité des dispositifs, les diplômes, l'accès aux enseignants, la protection intellectuelle ou la rémunération des enseignants... Et l'on peut comprendre les hésitations de certains acteurs. Il n'en demeure pas moins que les MOOCs permettent d'envisager une vaste redistribution des cartes à l'échelle planétaire en matière d'enseignement supérieur. Et qu'ils constituent un fantastique outil de promotion pour les marques d'institutions comme pour leurs méthodes pédagogiques, en même temps qu'un précieux moyen de diffusion de la culture. Bref, un instrument de rayonnement et d'influence. Dans cette optique, les actuelles expériences menées ici et là dans l'Hexagone, pour louables qu'elle soient, ne paraissent pas à la hauteur de l'enjeu. L'éducation supérieure ne peut passer à côté de la révolution numérique en cours. Il faut changer de braquet. Vite.

Source : lemonde.fr