29 novembre 2012

Refondation : La farce pour dindons a un goût rance




Dindons: La refondation de l'école est-elle une farce ?
Leur hantise: que la refondation de l'école tourne à la farce et que ce soit une nouvelle occasion manquée. Leur nom: le collectif des dindons.
Leur but: dire au ministre Vincent Peillon que les enseignants ont des idées pour changer l'école. Et que la refondation ne peut se faire sans eux.

Le mouvement des dindons s'est fait connaître en lançant une pétition sur internet début novembre. Elle compte déjà à ce jour 4 548 signataires - tous des professeurs des écoles.

"Monsieur le Ministre, vous avez l'ambition de refonder l'Ecole, c'est une noble idée, pleine de promesses", commence  le texte, "cependant, au fils des jours, nous nous rendons à l'évidence: les principaux concernés, les élèves, leurs parents et les enseignants ne sont pas pris en considération".

Plus précisément, le collectif reproche au ministre de ne pas prendre les choses dans l'ordre et de commencer par la réforme des rythmes scolaires comme si c'était la clé de tout - Vincent Peillon a annoncé le retour à la semaine de quatre jours et demi dès la rentrée 2013.
"La refondation de l'Ecole primaire ne peut se résumer à une réorganisation des rythmes scolaires, surtout si ces nouveaux rythmes n'allègent en rien la semaine scolaire des élèves !", avertissent les dindons.

Ils font allusion à la proposition, actuellement en discussion, d'instaurer trois heures de classe le mercredi matin et de ramener la journée scolaire de six heures à cinq heures. Mais comme les enfants resteraient tout de même à l'école jusqu'à 16 heures 30, on rajouterait dans la foulée une demie heure d'aide aux devoirs assurée par les enseignants, la demie heure suivante d'activités diverses étant confiée aux communes.

"Les enseignants seront-ils les seuls à porter cette refondation ?, s'insurgent les dindons, ils verront leur semaine de travail alourdie, leur pouvoir d'achat diminué, tout en sachant que cela ne résoudra pas les difficultés. C'est inacceptable."

Le collectif demande "l'abandon immédiat" de cette mesure. Et fixe ce que devraient être, selon lui, les  priorités de la refondation:

- l'allègement des programmes scolaires,
- la baisse des effectifs par classe,
- la remise en place des RASED (les réseaux d'aide aux élèves en difficultés largement démantelés ces dernières années)
- une meilleure prise en charge des élèves handicapés avec la pérennisation des Auxiliaires de Vie Scolaire (AVS, des emplois précaires) et l'ouvertures de classes spécialisées.

Ils demandent aussi une revalorisation du statut de Professeur des Ecoles, des journées de décharge pour les directeurs d'école (dans les établissements comptant moins de quatre classes, ils n'en ont aucune) et des postes pour les aider (les Emplois de Vie Scolaire dits EVS, des précaires aussi).

Pour en savoir plus, nous avons contacté Dindon 35 par téléphone. Dindon 35 souhaite rester anonyme non par parano mais parce que le mouvement des gallinacés ne veut pas de portevoix. C'est une professeure des écoles travaillant en zone rurale, en Ile-et-Vilaine.

Comment est né le mouvement ? "Nous étions quelques enseignants de primaire à nous croiser sur des forums, explique Dindon 35, on trouvait tous que dans la refondation, on n'avait pas vraiment droit à la  parole. On a alors décidé de se fédérer pour faire comprendre au ministre qu'on est là et qu'il doit écouter les retours du terrain. Nous n'avons pas envie qu'encore une fois, les changements se fassent sans nous".

Le nom de dindons ? "C'est venu tout seul, comme une évidence. Mais attention: nous ne sommes pas contre les changements. Simplement, il ne faut pas se précipiter comme le fait le ministre sur les rythmes scolaires alors que les collectivités ne sont pas prêtes, que les parents eux-mêmes doivent s'organiser. Sur cette question, il faut un travail de fond".

La concertation menée cet été n'aurait donc servi à rien ? "Elle a été très inégale selon les départements, regrette Dindon 35, tout le monde n'était pas toujours invité".

Et les syndicats dans tout ça ? "On ne veut pas du tout prendre leur place, poursuit notre gallinacé d'Ile-et-Vilaine, ils font leur boulot en négociant avec le ministère, on est plutôt là pour les seconder. Et la base doit se faire entendre".

A la fin, Dindon 35 s'est excusé auprès d'autres dindons dont ils ont pris le nom, nés dans le sillage du mouvement des pigeons. Ces gallinacés-là - we are not #dindons -, des personnels de maison, avaient lancé une pétition à la mi octobre contre le projet du gouvernement de taxer les emplois à domicile. Depuis le projet a été abandonné.

Nos dindons de la refondation rêvent d'un tel succès. Et glougloutent en attendant.

Précision (le 13/11/2012, à 23.30): au delà des professeurs des écoles, les dindons de l'éducation me demandent de préciser que la pétition est ouverte à toute personne se sentant concernée - parents d'élèves, retraités, etc...

Source : libération.fr

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